LOOKING - CRÉE PAR MICHAEL LANNAN – ETATS-UNIS – HBO - TOUS LES DIMANCHES DEPUIS LE 19 JANVIER (LES LUNDIS SUR OCS CITY)
Ça fait presque
dix ans qu’une série majeure dont le cast est composé quasi-uniquement de
personnages homosexuels n’avait pas été diffusée à la télévision américaine. Il
y a bien eu quelques projets mineurs et passés quasiment inaperçus, comme DTLA
diffusée en 2012 sur la chaine Logo (chaine LGBT la plus importante aux USA),
mais depuis Queer as Folk, lancée par Showtime en 2000, rien de vraiment
relativement grand public. The New Normal
sur NBC avait un couple gay au centre de son intrigue mais la série ne traitait
pas vraiment d’homosexualité, et surtout ne s’intéressait pas à des personnages
auxquels on peut facilement s’identifier.
Ici, on est
sur HBO, donc pas totalement une chaîne grand public, mais une chaîne qui
dispose d’importants moyens pour promouvoir ses programmes et surtout en faire
parler sur internet et dans la presse. Adaptée d’un court métrage réalisé en
2011 par le créateur de la série, Michael
Lannan, Looking souffre de la
comparaison d’un côté avec Queer as Folk et
de l’autre avec sa compagne de programmation, Girls, ce qui devient problématique quand on veut parler de la
série, et surtout franchement frustrant. J’ai rien contre Queer as Folk (j’en ai vu aucun épisode en fait) mais elle date
déjà de il y a plus de 10 ans, et la société a beaucoup changé depuis, c’est
donc quasi-nécessaire de voir une série comme Looking arriver sur nos écrans aujourd’hui. Quant à la comparaison
avec Girls, je ne vois pas vraiment
comment on peut la justifier, autrement que par le format et la chaine qui la
diffuse, tant cette dernière est imprégnée du style particulier de sa créatrice
Lena Dunham.
En 30 minutes,
le pilot fait du bon boulot en tant qu’épisode servant principalement à mettre
en place une situation, nous présenter des personnages et nous présenter les
enjeux de la série, ou du moins de la première saison. On sait que Patrick (Jonathan
Groff, vu à la télé dans Glee et Boss) cherche l’amour sans grand succès,
que Dom (Murray Bartlett) enchaine les conquêtes et cherche principalement à
chercher un but dans la vie, et qu’Augustin (Frankie J. Alvarez) s’apprête à
emménager avec son petit-ami sans vraiment savoir s’il en a vraiment envie. Ce
sont des situations qui parlent à beaucoup de monde et pas seulement aux homos.
Ce qui frappe le plus dans ce premier épisode, c’est à quel point la place
importante des réseaux sociaux et des sites de rencontre y est retranscrite. Patrick
est inscrit sur OkCupid et même si il en rigole avec son collègue à un moment,
on voit bien qu’il prend ça très au sérieux. Dom, lui, stalke son ex sur
Facebook, ce qui développe une sorte de complexe d’infériorité quand il voit que
sa vie professionnelle stagne alors que son ex se fait des tonnes de fric en
vendant des appartements à Los Angeles. Là encore, des situations auxquelles on
s’identifie bien.
Des
personnages secondaires sympathiques commencent déjà à émerger, notamment Doris
(Lauren Weedman), la colocataire de Dom, qui a une discussion avec lui au petit
déjeuner très drôle, un temps fort de l’épisode. Autre temps fort, la rencontre
dans le métro entre Patrick et un apprenti-coiffeur, qui donne une des scènes
où le jeu d’acteur est le plus convaincant. Il y a aussi quelques moments proprement
gênants, un ingrédient indispensable de toute dramédie qui se respecte. Ce qui
prouve aussi que la série n’a pas peur de mettre mal-à-l’aise et de nous
confronter à ces situations qu’on a tous vécus.
Looking n’est donc pas une série sur l’homosexualité
mais une série générationnelle, un peu comme Girls, sauf qu’ici, au lieu de nous montrer la vie de Brooklyniennes
qui ont la vingtaine, on a la vie d’hommes qui sont plus vieux (mais ne sont
pas forcément plus avancé dans la vie, juste plus désespérés et pragmatiques,
ce qui est peut-être la seule conclusion qu’on peut faire en comparant les deux
séries) et vivent à San Francisco. C’est une série qui, comme dirait Lena
Dunham, se considère comme « une voix d’une génération ».
NOTE : 8,5/10.
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