Damien, étudiant. Je parle de séries en me prenant beaucoup trop au sérieux.

mercredi 26 décembre 2012

[BINGE] Community



COMMUNITY - CRÉE PAR DAN HARMON - ETATS-UNIS - NBC - 3 SAISONS/71 ÉPISODES - EN PRODUCTION

Depuis 2009, Community a atteint le statut de série culte, adulée par la critique et boudée par les audiences et les récompenses (tout pour en faire une série culte donc). Menacée d’annulation la saison dernière après avoir été mise en hiatus pendant 4 mois, la série a été renouvelée pour une 4ème saison, de 13 épisodes seulement (quoique qualitativement c’est peut être une bonne nouvelle), qui devait débuter le 19 Octobre dernier, mais qui finalement a été repoussée au 7 Février prochain. Mon visionnage de la série a, lui aussi, été repoussé à plusieurs reprises, j’ai vu la quasi-intégralité de la saison 1 il y a un an, avant d’arrêter par manque de temps, puis de reprendre fin Novembre (car depuis j’ai établit un planning avec ordre de priorité strict), de regarder la moitié de la saison 2, avant d’arrêter une nouvelle fois pour causes de partiels, et de finalement reprendre et terminer mon visionnage au début des vacances de Noël.


Je n’ai plus de souvenirs assez précis de la première saison pour en parler en détails (et d’ailleurs dans mon Top 5 des épisodes les plus emblématiques de la série, aucun épisode de la saison 1 n’y figure, peut-être à juste titre ?). J’ai en revanche revu le pilot en version française récemment grâce à la diffusion sur Numéro 23, et j’ai été agréablement surpris, non pas que je l’avais vraiment détesté, mais c’était dans mes souvenirs un pilot de comédie plutôt classique, mais suffisamment bien pour continuer mon visionnage, surtout parce que tout le monde disait à quel point la série était devenue géniale depuis la fin de la saison 1/début de la saison 2. Et donc, en effet, ce n’est pas le meilleur épisode de la série, mais il s’en dégage déjà quelque chose, à coup de dialogues mordants, de références pop (au Breakfast Club principalement), et de vérités blessantes sur le comportement dysfonctionnel des personnages.

Car c’est bien là que Community tire son épingle du jeu. On suit le parcours de 7 personnages très différents et dont l’entente semble aux premiers abords impossible pour certains, ou alors deviennent très rapidement hyper-complices, qui étudient dans le community college de Greendale, présenté par la série à plusieurs reprises comme une fac de loosers, sans argent, où l’on suit des cours absurdes (sur l’art de couper sa respiration ou sur l’analyse de la série Madame Est Servie) et où la capacité des professeurs à enseigner est souvent remise en question ; un environnement loufoque voire même irréaliste. La bande qui va se former dès le premier épisode suite à un coup de Jeff (Joel McHale), avocat radié du barreau car son diplôme est invalide et qui va devoir le repasser, qui créer un faux groupe de révisions en espagnol juste pour draguer Britta (Gillian Jacobs), l’ancienne activiste qui a abandonner le lycée et veut remettre sa vie dans le droit chemin. Cette dernière va alors en parler à Abed (Danny Pudi), le jeune geek qui a un trouble relationnel et se réfugie dans les séries télé et les films, sur-analysant tout ce qui l’entoure et faisait perpétuellement référence à la fiction. Celui-ci va alors inviter à son tour dans le groupe Annie (Alison Brie), présentée comme une étudiante sérieuse, coincée et innocente qui se révèle avoir un passé de toxicomane, Troy (Donald Glover), ancienne gloire du football dans son lycée qui s’est volontairement blessé pour mettre fin à sa carrière car il ne pouvait pas supporter la pression, Shirley (Yvette Nicole Brown), mère célibataire et divorcée, très religieuse, qui reprend les études afin de pouvoir ouvrir son propre magasin/sandwicherie, et qui s’avère avoir des problèmes de gestion de sa colère et un manque de confiance envers les autres, et Pierce (Chevy Chase), vieux et très riche car à la tête d’une entreprise fabricant des lingettes, qui est retourné à la fac pour conserver un certain niveau intellectuel et qui a peur de devenir sénile, qui veut rester cool mais s’avère être extrêmement raciste, homophobe, sexiste et fermé d’esprit en général, lui empêchant d’avoir une relation normale avec qui que ce soit.

 Les défauts et traumatismes émotionnels de chaque personnage vont être largement évoqués tout au long de la série à travers leurs relations compliquées et leur difficulté à communiquer, à s’adapter, à voir leurs relations évoluer. Tout cela va rapprocher les personnages au cours des saisons, leurs aventures agissant comme une sorte de thérapie de groupe. La série ne va pas hésiter à devenir de plus en plus sombre, tout en restant l’une des  comédies les plus drôles qui soit.

La série est, tout le monde vous le répétera assez, truffée de références en tout genre, de blagues meta, d’hommages, de parodies, et d’épisodes spéciaux. Tour à tour, on a droit à un tournoi de paintball qui est en fait un hommage aux films de guerres la première fois, puis aux westerns et à Star Wars la seconde fois ; à un épisode d’halloween où les personnages tentent de raconter des histoires qui font peur, qui reflètent en fait leur vision du monde, sous couvert de parodies des clichés de films d’horreur ; ou encore à un documentaire tournés par Abed, parodiant le genre et défonçant le quatrième mur. Community se construit et déconstruit, principalement à travers le regard d’Abed qui va comparer les situations dans lesquelles se situe le groupe à d’autres situations et clichés de la fiction (comme le bottle episode).

Trève de discussions, voici mon TOP 5 des épisodes de Community qui m’ont le plus marqué, il y en a tant d’autres, mais ça serait trop long (j’en suis à presque 1000 mots là), présenté dans l’ordre de diffusion des épisodes.


1.     Mixology Certification (2x10)

Dans cet épisode, le study group sort de l’université pour l’une des premières fois dans la série et décide de fêter les 21 ans de Troy dans un bar. Centré sur ce dernier, mais aussi sur Abed et  Annie, cet épisode nous montre Troy apprenant le sens des responsabilités, prenant soin de ses amis qui ont trop bu. Le jeune homme va alors devenir l’adulte responsable du groupe. Annie de son côté, n’ayant pas l’âge requis pour boire, obtient une fausse carte d’identité et, étant toujours perfectionniste, va s’inventer le personnage qui va avec, derrière lequel elle cachera ses plus grandes insécurités. Quant à Abed, il va rencontrer un fan, comme lui, de Farscape et en discuter toute la soirée avec un homme s’avérant être gay et qui discutait avec Abed uniquement pour le draguer. On ne sait pas vraiment si Abed ne s’en rend pas compte, ou si il le sait mais continue de lui parler pour ne pas le blesser, et aussi car, pour une fois, il a l’occasion de discuter avec quelqu’un de Farscape sans être jugé. Un superbe épisode, pourtant quasi-dénué de références et blagues geek. La scène finale devant la porte de l’appartement d’Annie reste l’une des plus mémorables de la série.


2.     Abed’s Uncontrollable Christmas (2x11)

L’épisode de Noël de la deuxième saison prend la forme particulière d’un Christmas special en stop-motion avec les personnages et décors en pâte à modeler qui vont avec. Cette réalité en pâte à modeler est en fait enfermée dans l’esprit d’Abed, à la recherche du vrai sens de Noël. Ses amis vont jouer le jeu et entrer eux-aussi dans cet univers pour comprendre le traumatisme d’Abed à la source de ce questionnement. L’un des épisodes les plus tristes, les plus réconfortants et probablement le meilleur épisode de la série.


3.     Remedial Chaos Theory (3x04)

Episode culte là aussi. Le study group est invité à la pendaison de crémaillère de l’appartement de Troy et Abed. Lorsqu’ils doivent choisir qui descendra chercher les pizzas, Jeff propose de lancer un dé pour en décider. S’en suit plusieurs versions du récit, identifiés par Abed comme différentes timelines, avec un personnage différent allant chercher les pizzas dans chaque. Cet épisode, avec la répétition des gags à outrance, parvient à être extrêmement drôle mais nous montre aussi à quel point les membres du groupe dépendent les uns des autres, et à quel point ils ont un rôle important dans la structure fragile de celui-ci.


4.     Documentary Filmaking: Redux (3x08)

Il s’agit du deuxième épisode de la série tourné sous forme de documentaire, et j’ai beaucoup hésité entre celui-ci et son équivalent dans la saison 2 (Intermediate Documentary Filmmaking) avant de savoir lequel inclure dans mon top. La forme documentaire permet d’accentuer le réalisme d’évènements absurdes : le doyen de l’université (dont je n’ai pas encore parlé mais qui est le personnage secondaire devenu principal le plus drôle de la série) décide de tourner une nouvelle pub pour Greendale et Abed en tourne le making-of (car Hearts Of Darkness est meilleur que le film dont il retrace la conception, Apocalypse Now). Le perfectionnisme du doyen va alors le faire entrer dans une spiral de folie qui va entraîner tout le monde impliqué dans le tournage. C’est un épisode qui est totalement barré et un des plus grands paris prit par la série (nous faire croire et adhérer à ce scénario plus qu’improbable), mais il en résulte des performances d’acteurs exceptionnelles, et un superbe développement des personnages d’Abed et du doyen.


5.     Curriculum Unavailable (3x19)

Là aussi, j’ai hésité entre inclure cet épisode et un autre (Paradigm Of Human Memory) utilisant la même forme, un faux clip show, dans mon top. Ici Abed va à une consultation chez un psychiatre car il est convaincu que le doyen de Greendale a été remplacé par un imposteur. Les autres membres du groupe l’accompagnent (ce prétexte afin de réunir tous les personnages chez un thérapeute est habilement expliqué dans l’épisode). Le psychiatre va alors leur faire croire que Greendale (dont ils ont été exclus quelques épisodes plus tôt) n’est pas réellement une université mais plutôt un hôpital psychiatrique dont ils ont enfin été relâchés. Les personnages se rappellent alors des évènements qu’ils ont vécu et de à quel point ils sont étranges, sous la forme de flash-backs compilés et hilarants, ce qui permet de justifier certaines facilités scénaristiques (un bel exemple du lampshading permanent de la série) mais aussi de montrer l’évolution du groupe après presque 3 ans à vivre ensemble.

1 commentaire:

  1. Une très bonne critique bien constructive ;) Je te conseille cependant de revoir la saison 1, qui après coup est bien meilleure que lorsqu'on la visionne pour la 1ère fois (enfin selon moi c'est le cas)

    Je ne suis par contre pas du tout d'accord avec ton top. Le 2x10 est d'ailleurs surement l'un des épisodes que j'aime le moins de la série entière. J'aurais plutôt mis cela :

    #1 : 1x23 : l'épisode du paintball, juste parfait.
    #2 : 3x04 : l'épisode des timelines
    #3 : 1x13 : l'épisode avec Jack Black
    #4 : 2x21 : Paradigms of human Memory, hilarant et tellement improbable à la fois
    #5 : 2x09 : l'épisode avec les théories du complot, tellement bien écrit.
    #6 bonus : l'épisode qui parodie Law and Order dans la saison 3, encore une fois très drôle

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