COMMUNITY - CRÉE PAR DAN HARMON - ETATS-UNIS - NBC - 3 SAISONS/71 ÉPISODES - EN PRODUCTION
Depuis 2009,
Community a atteint le statut de série culte, adulée par la critique et boudée
par les audiences et les récompenses (tout pour en faire une série culte donc).
Menacée d’annulation la saison dernière après avoir été mise en hiatus pendant
4 mois, la série a été renouvelée pour une 4ème saison, de 13
épisodes seulement (quoique qualitativement c’est peut être une bonne
nouvelle), qui devait débuter le 19 Octobre dernier, mais qui finalement a été
repoussée au 7 Février prochain. Mon visionnage de la série a, lui aussi, été
repoussé à plusieurs reprises, j’ai vu la quasi-intégralité de la saison 1 il y
a un an, avant d’arrêter par manque de temps, puis de reprendre fin Novembre
(car depuis j’ai établit un planning avec ordre de priorité strict), de
regarder la moitié de la saison 2, avant d’arrêter une nouvelle fois pour
causes de partiels, et de finalement reprendre et terminer mon visionnage au
début des vacances de Noël.
Je n’ai plus
de souvenirs assez précis de la première saison pour en parler en détails (et d’ailleurs
dans mon Top 5 des épisodes les plus emblématiques de la série, aucun épisode
de la saison 1 n’y figure, peut-être à juste titre ?). J’ai en revanche
revu le pilot en version française récemment grâce à la diffusion sur Numéro
23, et j’ai été agréablement surpris, non pas que je l’avais vraiment détesté,
mais c’était dans mes souvenirs un pilot de comédie plutôt classique, mais
suffisamment bien pour continuer mon visionnage, surtout parce que tout le
monde disait à quel point la série était devenue géniale depuis la fin de la
saison 1/début de la saison 2. Et donc, en effet, ce n’est pas le meilleur
épisode de la série, mais il s’en dégage déjà quelque chose, à coup de
dialogues mordants, de références pop (au Breakfast
Club principalement), et de vérités blessantes sur le comportement dysfonctionnel
des personnages.
Car c’est bien
là que Community tire son épingle du
jeu. On suit le parcours de 7 personnages très différents et dont l’entente
semble aux premiers abords impossible pour certains, ou alors deviennent très
rapidement hyper-complices, qui étudient dans le community college de Greendale, présenté par la série à plusieurs reprises comme
une fac de loosers, sans argent, où l’on suit des cours absurdes (sur l’art de
couper sa respiration ou sur l’analyse de la série Madame Est Servie) et où la capacité des professeurs à enseigner
est souvent remise en question ; un environnement loufoque voire même irréaliste. La bande qui va se former dès le premier épisode suite à un coup de
Jeff (Joel McHale), avocat radié du barreau car son diplôme est invalide et qui va devoir le
repasser, qui créer un faux groupe de révisions en espagnol juste pour draguer
Britta (Gillian Jacobs), l’ancienne activiste qui a abandonner le lycée et veut remettre sa vie
dans le droit chemin. Cette dernière va alors en parler à Abed (Danny Pudi), le jeune geek
qui a un trouble relationnel et se réfugie dans les séries télé et les films,
sur-analysant tout ce qui l’entoure et faisait perpétuellement référence à la
fiction. Celui-ci va alors inviter à son tour dans le groupe Annie (Alison Brie), présentée
comme une étudiante sérieuse, coincée et innocente qui se révèle avoir un passé
de toxicomane, Troy (Donald Glover), ancienne gloire du football dans son lycée qui s’est
volontairement blessé pour mettre fin à sa carrière car il ne pouvait pas
supporter la pression, Shirley (Yvette Nicole Brown), mère célibataire et divorcée, très religieuse,
qui reprend les études afin de pouvoir ouvrir son propre magasin/sandwicherie,
et qui s’avère avoir des problèmes de gestion de sa colère et un manque de
confiance envers les autres, et Pierce (Chevy Chase), vieux et très riche car à la tête d’une
entreprise fabricant des lingettes, qui est retourné à la fac pour conserver un
certain niveau intellectuel et qui a peur de devenir sénile, qui veut rester
cool mais s’avère être extrêmement raciste, homophobe, sexiste et fermé d’esprit
en général, lui empêchant d’avoir une relation normale avec qui que ce soit.
Les défauts et traumatismes émotionnels de
chaque personnage vont être largement évoqués tout au long de la série à
travers leurs relations compliquées et leur difficulté à communiquer, à s’adapter,
à voir leurs relations évoluer. Tout cela va rapprocher les personnages au
cours des saisons, leurs aventures agissant comme une sorte de thérapie de
groupe. La série ne va pas hésiter à devenir de plus en plus sombre, tout en
restant l’une des comédies les plus drôles
qui soit.
La série est,
tout le monde vous le répétera assez, truffée de références en tout genre, de
blagues meta, d’hommages, de parodies, et d’épisodes spéciaux. Tour à tour, on
a droit à un tournoi de paintball qui est en fait un hommage aux films de
guerres la première fois, puis aux westerns et à Star Wars la seconde fois ; à un épisode d’halloween où les
personnages tentent de raconter des histoires qui font peur, qui reflètent en
fait leur vision du monde, sous couvert de parodies des clichés de films d’horreur ;
ou encore à un documentaire tournés par Abed, parodiant le genre et défonçant
le quatrième mur. Community se
construit et déconstruit, principalement à travers le regard d’Abed qui va
comparer les situations dans lesquelles se situe le groupe à d’autres
situations et clichés de la fiction (comme le bottle episode).
Trève de
discussions, voici mon TOP 5 des épisodes de Community qui m’ont le plus marqué, il y en a tant d’autres, mais
ça serait trop long (j’en suis à presque 1000 mots là), présenté dans l’ordre
de diffusion des épisodes.
1. Mixology Certification (2x10)
Dans cet
épisode, le study group sort de l’université
pour l’une des premières fois dans la série et décide de fêter les 21 ans de
Troy dans un bar. Centré sur ce dernier, mais aussi sur Abed et Annie, cet épisode nous montre Troy apprenant
le sens des responsabilités, prenant soin de ses amis qui ont trop bu. Le jeune
homme va alors devenir l’adulte responsable du groupe. Annie de son côté, n’ayant
pas l’âge requis pour boire, obtient une fausse carte d’identité et, étant
toujours perfectionniste, va s’inventer le personnage qui va avec, derrière
lequel elle cachera ses plus grandes insécurités. Quant à Abed, il va rencontrer
un fan, comme lui, de Farscape et en
discuter toute la soirée avec un homme s’avérant être gay et qui discutait avec
Abed uniquement pour le draguer. On ne sait pas vraiment si Abed ne s’en rend
pas compte, ou si il le sait mais continue de lui parler pour ne pas le blesser,
et aussi car, pour une fois, il a l’occasion de discuter avec quelqu’un de Farscape sans être jugé. Un superbe
épisode, pourtant quasi-dénué de références et blagues geek. La scène finale
devant la porte de l’appartement d’Annie reste l’une des plus mémorables de la
série.
2. Abed’s Uncontrollable Christmas (2x11)
L’épisode de
Noël de la deuxième saison prend la forme particulière d’un Christmas special en
stop-motion avec les personnages et décors en pâte à modeler qui vont avec.
Cette réalité en pâte à modeler est en fait enfermée dans l’esprit d’Abed, à la
recherche du vrai sens de Noël. Ses amis vont jouer le jeu et entrer eux-aussi
dans cet univers pour comprendre le traumatisme d’Abed à la source de ce
questionnement. L’un des épisodes les plus tristes, les plus réconfortants et
probablement le meilleur épisode de la série.
3. Remedial Chaos Theory (3x04)
Episode culte
là aussi. Le study group est invité à la pendaison de crémaillère de l’appartement
de Troy et Abed. Lorsqu’ils doivent choisir qui descendra chercher les pizzas,
Jeff propose de lancer un dé pour en décider. S’en suit plusieurs versions du
récit, identifiés par Abed comme différentes timelines, avec un personnage
différent allant chercher les pizzas dans chaque. Cet épisode, avec la
répétition des gags à outrance, parvient à être extrêmement drôle mais nous
montre aussi à quel point les membres du groupe dépendent les uns des autres,
et à quel point ils ont un rôle important dans la structure fragile de celui-ci.
4. Documentary Filmaking: Redux (3x08)
Il s’agit du
deuxième épisode de la série tourné sous forme de documentaire, et j’ai
beaucoup hésité entre celui-ci et son équivalent dans la saison 2 (Intermediate Documentary Filmmaking) avant
de savoir lequel inclure dans mon top. La forme documentaire permet d’accentuer
le réalisme d’évènements absurdes : le doyen de l’université (dont je n’ai
pas encore parlé mais qui est le personnage secondaire devenu principal le plus
drôle de la série) décide de tourner une nouvelle pub pour Greendale et Abed en
tourne le making-of (car Hearts Of
Darkness est meilleur que le film dont il retrace la conception, Apocalypse Now). Le perfectionnisme du
doyen va alors le faire entrer dans une spiral de folie qui va entraîner tout
le monde impliqué dans le tournage. C’est un épisode qui est totalement barré
et un des plus grands paris prit par la série (nous faire croire et adhérer à
ce scénario plus qu’improbable), mais il en résulte des performances d’acteurs
exceptionnelles, et un superbe développement des personnages d’Abed et du doyen.
5. Curriculum Unavailable (3x19)
Là aussi, j’ai
hésité entre inclure cet épisode et un autre (Paradigm Of Human Memory) utilisant la même forme, un faux clip
show, dans mon top. Ici Abed va à une consultation chez un psychiatre car il
est convaincu que le doyen de Greendale a été remplacé par un imposteur. Les
autres membres du groupe l’accompagnent (ce prétexte afin de réunir tous les
personnages chez un thérapeute est habilement expliqué dans l’épisode). Le
psychiatre va alors leur faire croire que Greendale (dont ils ont été exclus
quelques épisodes plus tôt) n’est pas réellement une université mais plutôt un hôpital
psychiatrique dont ils ont enfin été relâchés. Les personnages se rappellent
alors des évènements qu’ils ont vécu et de à quel point ils sont étranges, sous
la forme de flash-backs compilés et hilarants, ce qui permet de justifier
certaines facilités scénaristiques (un bel exemple du lampshading
permanent de la série) mais aussi de montrer l’évolution du groupe après
presque 3 ans à vivre ensemble.
Une très bonne critique bien constructive ;) Je te conseille cependant de revoir la saison 1, qui après coup est bien meilleure que lorsqu'on la visionne pour la 1ère fois (enfin selon moi c'est le cas)
RépondreSupprimerJe ne suis par contre pas du tout d'accord avec ton top. Le 2x10 est d'ailleurs surement l'un des épisodes que j'aime le moins de la série entière. J'aurais plutôt mis cela :
#1 : 1x23 : l'épisode du paintball, juste parfait.
#2 : 3x04 : l'épisode des timelines
#3 : 1x13 : l'épisode avec Jack Black
#4 : 2x21 : Paradigms of human Memory, hilarant et tellement improbable à la fois
#5 : 2x09 : l'épisode avec les théories du complot, tellement bien écrit.
#6 bonus : l'épisode qui parodie Law and Order dans la saison 3, encore une fois très drôle